" Laboureurs de terre, laboureurs de mer "

galerie de photos et extraits de textes

Photos prises au Carré Lamartine et à la Scierie d'Achille d'Amiens, à la Salle du Beffroi à Rue, salle Louis Aragon à Mers les Bains, à Naours, salle de Poix de Picardie, centre culturel Pablo Pipasso à Longueau, espace culturel Antoine de SQaint Exupéry de Glisy

Francis Guet - Jacques Anselme - Christian Leprêtre - David Lefèvre

"Ma journée d’hier, chère amie, a été bien remplie.

J’étais au Tréport, je voulais voir le point précis où finit la dune et où commence la falaise.

Belle promenade, mais pour laquelle il n’y a que le chemin de chèvres et qu’il fallait faire à pied. J’ai pris un guide et je suis parti. Il était midi.

(...) Au delà de l’église se développait l’énorme muraille des falaises rouillées, toute ruinée vers le sommet et laissant crouler par ses brèches de larges pans de verdure.

La mer, indigo sous le ciel bleu, poussait dans le golfe ses immenses demi-cercles ourlés d’écume.

Chaque lame se dépliait à son tour et s’étendait à plat sur la grève comme une étoffe sous la main d’un marchand.

Deux ou trois chasse-marée sortaient gaîment du port. Pas un nuage dans le ciel. Un soleil éclatant....(...)"

"R'bayez bien si o voèyez Sandrine ? I feut quej' le voèche..."

"S' pieau, blanque comme du lait, ses lèvres comme deux poégnèes de framboises ed' chès hayures..."

"...j'' vos tracher, lo......."

".......achteure qu'al est vieille.;"

" ...al o ieu une idèe.."

"...a'n'sro pus toute seule au soèr.."

" ...in'hui, es' vie al vo canger...."

"....bè lo ch'est toute, quoi qu'y o ?"

"(...) A un détour du sentier, je me suis trouvé tout à coup dans un champ situé en haut de la falaise et qu’on achevait de moissonner. Comme les fleurs d’avril sont venues en juin cette année, les épis de juillet se coupent en septembre (...)

Te figures tu cela ? (...) ces sillons sous ces vagues, ces gerbes sous ces marins, cette moisson sous cette pêche

Hasard singulier qui superposait les uns aux autres, pour faire rêver le passant, les laboureurs de la terre et les laboureurs de l’eau.(…)

Je ne connaissais pas le chemin ; Un moment, j’ai marché au hasard. Heureusement j’ai vu venir vers moi, à une intersection des sentiers, un gros fagot de bois qui avait deux pieds.

C’était un pauvre vieillard, plié en deux sous son fardeau bien plus composé encore d’années que de broussailles. (....)

On s’use moins vite par le dedans que par le dehors.

(...) Mais un jour, la colonne de flots qui descend de la Manche s’est appuyée si violemment sur cette falaise qu’elle l’a fait ployer. La falaise s’est rompue et le village a été englouti.

Maintenant, on ne voit plus rien de ces ruines. L’océan a eu des vagues pour chaque pierre. Le flux et le reflux ont tout usé, et le clocher qui avait arrêté des nuages n’accroche même plus aujourd’hui la quille d’une barque.

(...) Le bourg d’Ault s’est réfugié sur la falaise. De loin, tous les pauvres toits pressés les uns contre les autres font l’effet d’un groupe d’oiseaux mal abrité qui se pelotonne contre le vent.

Cet endroit est beau. Je ne pouvais m’en arracher.

Toutes sortes de traditions pleines d’un merveilleux effrayant ont germé là.Ainsi, les marins évitent cette côte. La lame y est mauvaise, et souvent, dans les nuits violentes de l’équinoxe, les pauvres gens qui vont à la pêche dans leur chasse-marée croient entendre aboyer vaguement les guivres de pierre qui regardent éternellement la mer du haut des nuées, le cou tendu aux quatre angles du vieux clocher.

     
  Où naît la falaise, la dune meurt.

La dune meurt dignement dans une grande plaine de sable de huit lieues de tour qu’on appelle le désert et qui sépare le bourg d’Ault, où la falaise commence, de Cayeux, village presque enfoui dans les sables, où finit la dune."

   

"...lo, edvant ses yux..."

"...un oeu' de beudet, comme cho, i n' avoait jamois vu..."

" a m'sure, qu'il étoait lo par nuit...."

"(...) Le port de Saint Valery était charmant au crépuscule.

Le ciel était blanc, la terre brune, et des morceaux de lune sautaient de vague en vague comme des boules d’or dans la main d’un jongleur.(…)

Au premier plan, à ma droite, j’avais le réseau noir et inextricable des mâts et des cordages. La lune descendait lentement vers la mer"

"...Tout cela était serein et doux, cette églogue faisait bon ménage avec cette épopée. Rien de plus frappant, à mon sens, rein de plus philosophique que ces sillons sous ces vagues, que ces gerbes sous ces marins, que cette moisson sous cette pêche..." "...Hasard singulier qui superposait les uns aux autres, pour faire rêver le passant,  les laboureurs de la terre et les laboureurs de l’eau...."
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Caroline Mambou : violon - Jean Marie François : contes picards - Yves Desmaris : accordéon - Ghislaine Desmaris : pipasso cornemuse picarde - Jean Caron : tambour, lumières - Cédric Hergault : mise en scène et tambour - Manu Herault : régie son - Adrien Helminiak : régie lumière

  Bonus : d'autres photos de "Laboureurs deterre, laboureurs de mer" !   Prises à l'Espace culturel Antoine de Saint Exupéry de Glisy (Amiens Métropole) février 2013