Cornemuse picarde : extrait du livret de 150 pages et table des matières

Les conservateurs des musées lui confient leurs belles anciennes à restaurer, il les a toutes anchées, mesurées, dessinées, et possède une riche collection de plans de cornemuses. Remy DUBOIS en a réalisé des fac-simile entre autres pour l’exposition « 1000 ans de cornemuses ». Il a anché et fait sonner les trois muchosacs cornemuses du Nord / Picardie conservées au Musée de Bruxelles, et s’est penché sur les ressources de cet instrument dans sa forme originelle. Il en ressort que les « anciens » maîtrisaient avec un haut degré de compétence des paramètres d’intonation et de techniques de fabrication et de jeu hérités de la Renaissance. De sa rencontre avec le facteur français Bernard BLANC est née une nouvelle génération de cornemuses, pratiquée désormais par des cornemuseurs de tous pays. La contribution de Remy DUBOIS à la pratique actuelle de la cornemuse est essentielle, à tel point qu’on a pu le qualifier de « facteur mythique ». Depuis 2006, j’ai enregistré Remy DUBOIS lors de nos entretiens sur son travail de facteur d’instruments". Ghislaine DESMARIS – Octobre 2014

Dans quel univers as-tu grandi ? Le grand-père de mon grand-père était berger, son père l’était aussi, mon arrière-grand-père était agriculteur, ils avaient une ferme (qui n’existe plus, sous l’autoroute), mais mon grand-père a toujours gardé cette passion pour les moutons. Il nous racontait beaucoup d’histoires de braconniers, mais surtout, vu qu’on est près des frontières, des histoires de contrebandiers : trafics de cigarettes, d’alcool, des trucs effrayants, comme on raconte aux gamins(…)

Quand as-tu fabriqué ton premier instrument ? J’avais un ami : René HAUSSMANN, grand illustrateur, magnifique dessinateur de BD, qui était joueur de cornemuse. C’était mon maître au niveau du dessin, j’étais très content de pouvoir le fréquenter, il était plus âgé que moi. C’est par lui que j’ai connu Jacques LAUDY*. Nous étions alors trois dessinateurs, du milieu de la Bande Dessinée belge, à jouer de la cornemuse ! Jacques LAUDY avait fabriqué une cornemuse, un objet inspiré de la seule cornemuse écossaise très ancienne (17é siècle) conservée en Ecosse, que René avait ajustée. Il n’avait pas de repère, à l’époque, pas de modèle, il avait harmonisé le hautbois pour la musique qu’il aimait. On était libres, tu comprends ? C’était génial d’un côté, mais extrêmement déstabilisant. C’est plus facile maintenant d’essayer de reproduire ce qui a déjà été joué que de partir comme à l’époque, tous seuls, en marchant sur des œufs !(…)

Mon père travaillait dans les filatures textiles. Il m’avait ramené des espèces de broches sur lesquelles on enfilait les bobines des machines à filer. C’était conique. A la meule, j’ai taillé dans une broche une rainure avec un morfil coupant, et c’est avec cela que j’ai tourné mon premier hautbois. Je l’ai encore. Je lui avais sculpté une petite tête de bonhomme, très inspirée des personnages des cornemuses des pays de l’est. Cela sonnait très fort, c’était un cône très ouvert(…)