COURRIER PICARD Dimanche 19 février 2018 A LA UNE

MUSIQUE

.AMUSéON, .l'air de rien

En un quart de siècle, le groupe de musique traditionnelle a redonné ses lettres de noblesse au folklore picard.

. Le groupe de musique traditionnelle Amuséon a été créé en 1992 par Yves et Ghislaine Desmaris

. Il a, depuis, essaimé, à la fois dans une production professionnelle, et dans une « intense vie associative »

. Amuséon a son siège social à Abbeville. Le groupe se produit sous diverses formes dans les Hauts de France et en dehors de son territoire « naturel ».

. Cette formation de quatre musiciens a enregistré et sorti récemment un huitième disque, qui s’appelle « Drière St leu »

Tout est plus facile, mais rien n’est gagné. En vingt-cinq ans, Amuséon a défriché le sillon du folklore picard. Là où les fatalistes disaient : «  Y a rien  », les musiciens ont «  cherché. Et on a trouvé. Y a pas rien  », sourit Ghislaine Desmaris, joueuse de cornemuse picarde, le fameux pipasso. Elle est, avec son mari Yves Desmaris, accordéoniste, la graine d’Amuséon, formation musicale créée en 1992. Formation qui a commencé par interpréter de la musique celte.

Et puis, de fil en aiguille, le couple a fouille les entrailles de la musique picarde. Là où on lui prévoyait le vide, il a exhumé des mélodies, des paroles. Quelquefois les unes sans les autres. Et s’est aperçu que ces chansons ramenaient à l’universel. Par leurs thèmes – «  des histoires basiques, sans sentiments  » – raconte Yves Desmaris.

Le groupe AMUSéON de gauche à droite : Jean Caron (percussions), Ghislaine Desmaris (pipasso), Yves Desmaris (accordéon diatonique), Caroline Mambou (violon)

« Le sens de la musique traditionnelle aujourd’hui est d’être une musique de fête, généreuse. » Yves Desmaris

Amuséon a étoffé son répertoire, créé des spectacles conceptuels, pour les enfants, pour la rue, pour le bal, pour les fanfares. Et s’est installé dans le paysage culturel picard. Puis au-delà de ses frontières, participant à des tournées, des festivals, espérant toujours échapper aux cénacles de spécialistes de la musique « trad » (traditionnelle), pour toucher la sensibilité des vrais gens et les embarquer dans leurs polkas, leurs mazurkas, leurs scottishs ; bref dans «  une musique de fête, généreuse. C’est, pour nous, le sens de la musique traditionnelle aujourd’hui  », considère l’accordéoniste.

Et celle d’une mission dont la reconnaissance du public a dessiné les contours : «  porter sur scène un patrimoine, le diffuser, transmettre » Sans perdre de vue que la musique a vocation de rassembler. D'où qu'elle vienne. V.H.

Jamais sans doute, à leurs débuts, les Desmaris n’auraient imaginé « jouer cent jours par an  », comme c’est le cas maintenant. Amuséon est une petite entreprise qui défie la crise : onze spectacles différents, le recours à autant d’intermittents, une salariée, une association d’une centaine d’adhérents, des disques, des cours de cornemuse, des séances d’accordéon diatonique… Le groupe a presque toujours plusieurs fers au feu. Et les saisons ne font rien à l’affaire. En ce moment, il prépare une Saint-Patrick dans l’Oise, s’apprête à effectuer des repérages en Vendée, dont il sera l’invité d’honneur d’un festival en 2018. Des bœufs itinérants sont programmés en mars. Ce sont des sessions d’improvisation publiques avec leurs élèves instrumentistes en accordéon et cornemuse. Toujours dans des bistrots. Suivront deux bals pour enfants, en avril, à Beauvais, dans l’Oise et à Saint-Blimont, en Picardie maritime. Viendra ensuite l’heure du festival du pipasso, trois jours à Abbeville et Flixecourt fin septembre. Le souffle de la cornemuse ne retombe pas. «  On a la responsabilité d’emplois. Faut que ça tourne  », justifie Ghislaine Desmaris.

«DRIERE ST-LEU», MUSIQUES TRADITIONNELLES DES HAUTS DE FRANCE

La pochette montre une vue nocturne des quais du quartier Saint-Leu, à Amiens. Les lettres du titre de l’album Driere St-Leu s’inscrivent sur le parapet. C’est le dernier disque du groupe Amuséon. Il comprend 14 titres, dont une composition de Ghislaine Desmaris, Carpentier. L’auditeur y entend des pièces différentes de la musique traditionnelle des Hauts de France : des carillons, des polkas, des Noëls wallons, une version vivifiante de la Claire Fontaine… Ce disque a été enregistré une semaine durant dans un studio bourguignon près de Cluny, en Saône-et-Loire. Pourquoi si loin ? «  I l faut un studio avec plusieurs pistes. Surtout, des gens qui connaissent la musique traditionnelle. C’est le cas là-bas  », expliquent Ghislaine et Yves Desmaris. Driere St-Leu a été pressé à 1 000 exemplaires et mis en vente 12 €. On peut l’acheter en se rendant sur le site internet d’Amuséon ou par correspondance.

Le dernier disque d’AMUSéON : « Drière St-Leu »

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